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Question 281 — Une question à propos de la culpabilité, de la responsabilité et des événements contrariants

Q : Ma question concerne la responsabilité. Je comprends que je suis responsable de ce que je pense et qu’en choisissant d’être d’accord avec l’ego je rends le monde réel. Dans le chapitre 5 du texte d’Un cours en miracles, je lis dans la section V, paragraphe 7:

“La culpabilité est inéluctable pour ceux qui croient qu’ils ordonnent leurs propres pensées… Cela les fait sentir responsables de leurs erreurs, mais sans reconnaître qu’en acceptant cette responsabilité, ils réagissent de manière irresponsable” (T-5.V.7:6-7).

Deuxièmement, quant à faire le monde, je comprends que l’on rend le monde réel ou l’erreur réelle, mais j’ai du mal à m’imaginer en faire littéralement l’expérience. Si je suis contrarié parce qu’une voiture est entrée dans la mienne lors d’un accident, est-ce que je suis responsable d’avoir rendu cela réel du fait de ma contrariété, ou suis-je responsable d’avoir provoqué l’accident pour avoir quelque chose à blâmer comme cible de ma colère? Pour être tout à fait clair: est-ce que je sors et trouve une excuse pour être contrarié ou est-ce que je fais littéralement en sorte que l’excuse survienne? Est-ce de mon fait si l’autre voiture est rentrée dans la mienne, ou est-ce que je me sers seulement de cet événement comme prétexte pour être contrarié au lieu de choisir d’être en paix et de regarder l’accident avec le Saint-Esprit?

 

R : Pour comprendre ce que responsabilité veut dire dans Un cours en miracles, il est essentiel que vous compreniez d’abord à qui s’adresse le Cours. Jésus ne parle jamais au soi que nous croyons être, celui qui vit dans le monde. Ce soi n’a aucun pouvoir de faire quoi que ce soit, car il n’est que l’effet de pensées dans l’esprit. Et c’est à l’esprit que s’adresse le Cours. C’est cette distinction que Jésus fait déjà au début du texte lorsque, dans le contexte de notre apprentissage pour guérir notre perception et à la fin nous rendre compte que

“[...] toute perception est non nécessaire” (T-4.II.11:3),

il observe:

“Tu te demandes peut-être comment cela est possible tant que tu sembles vivre dans ce monde. C’est une question raisonnable. Prends soin toutefois de la comprendre vraiment. Qui est ce ‘toi’ qui vis dans ce monde?” (T-4.II.11:5-8; les italiques sont les nôtres).

Étant donné, comme Jésus nous le dit à plusieurs reprises dans la leçon 132, qu’“il n’y a pas de monde”, il ne peut y avoir de “toi” qui vive dans ce monde. Il n’y a que l’esprit dans lequel le monde apparent est contenu. Nous en faisons l’expérience lorsque nous nous réveillons d’un rêve endormi et nous rendons compte qu’un monde complet semblait exister dans lequel nous nous sommes déplacés et avons agi, or, le monde et le soi que nous pensions être tant que nous dormions sont restés tous deux entièrement à l’intérieur de l’esprit qui rêvait.

Pour comprendre l’enseignement du Cours sur la responsabilité, il est donc important de permettre un changement de perception quant à qui est ce soi responsable: l’esprit et non le corps. Au début nous le comprenons peut-être juste intellectuellement, mais cela aide d’être au moins désireux de commencer par là. Considérons maintenant les phrases du Cours que vous citez: dans ce paragraphe Jésus utilise le mot responsable dans le sens de l’ego, soit coupable. Nous croyons que nous pouvons vraiment penser à part de Dieu et que nous pouvons organiser nos pensées indépendamment de Lui, et alors nous assumons la responsabilité, ou le blâme pour cela sans jamais remettre en question notre croyance que nous pouvons nous séparer de Dieu.

Tout seul, à part de l’Aide de Dieu, nous ne pouvons pas échapper au fardeau affreux de cette responsabilité parce que, tout seul, nous ne pouvons pas remettre sa réalité en question. Prendre sur soi la responsabilité du péché revient donc à avaler les mensonges de l’ego, et par là à agir de façon irresponsable. Jésus ne nous demande pas de nier que c’est notre propre décision qui entraîne l’expérience de culpabilité (T-5.V.8:1), mais il ne veut pas que nous associions le blâme ou la culpabilité à ce choix, sinon nous n’allons pas croire qu’elle peut être défaite.

Pour ce qui est de comment donc nous avons pu faire le monde et tout ce qui semble y arriver: rappelez-vous que ce n’est pas le soi que vous croyez être, mais l’esprit du Fils dont nous tous faisons partie qui est responsable de s’être endormi et de rêver d’un monde de séparation. Pour revenir à ce que nous avons dit plus tôt, c’est dans nos rêves endormis que le pouvoir de l’esprit d’inventer un monde est évident (T-18.II.5). Toutefois ce n’est généralement pas la perspective qui aide le plus pour envisager les événements dans notre vie, y compris quelque chose comme un “accident” de voiture. Cela n’aide généralement pas de se pencher sur la façon dont nous choisissons les événements de notre vie parce que, pour la plupart d’entre nous la plupart du temps, le choix est loin d’être conscient et lucide, et se concentrer là-dessus va probablement provoquer des sentiments de responsabilité dans le sens de l’ego: la culpabilité ou le blâme.

Une perspective plus utile et qui guérit est de reconnaître que nous avons à tout moment le choix de comment interpréter les événements dans notre vie. Bien que les événements ne puissent pas être défaits, leur interprétation peut être défaite en un instant si nous le choisissons. Ce ne sont jamais les circonstances extérieures qui nous contrarient, mais le fait qu’en premier lieu nous choisissons la séparation et la culpabilité dans l’esprit et que nous cherchons ensuite quelque chose à l’extérieur à laquelle attribuer notre contrariété. Cela sert à ce que nous restions sans esprit et au-delà de tout espoir d’une solution réelle à notre perte de la paix.

Le soi que nous pensons être dans le monde n’est jamais la cause de quoi que ce soit; ce n’est donc pas pertinent de demander si nous choisissons les événements dans notre vie aussi longtemps que nous nous percevons comme “vivant dans ce monde”. Le seul choix avec lequel cela aide d’être en contact est notre choix de l’interprétation de ce qui, comme nous croyons, nous arrive. Celle de l’ego nous dit toujours que nous sommes des victimes et que nous ne sommes pas responsables de nos émotions. Celle du Saint-Esprit, par contre, dit que tous les événements dans notre vie sont des occasions pour apprendre à faire un autre choix: relâcher la culpabilité et la peur au lieu de les renforcer.

Voyez les réponses aux questions 37, 233 et 277 pour des commentaires supplémentaires de quelques problèmes liés à la prise de décision commune dans le rêve et les niveaux auxquels se font les choix.

 

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