À l’origine d’Un cours en miracles il y a deux personnes prenant la décision soudaine de se joindre dans un but commun. Ils s’appelaient Helen Schucman et William Thetford et ils étaient professeurs de psychologie médicale au College of Physicians and Surgeons de l’Université Columbia dans la ville de New York. Peu importe qui ils étaient, sauf que l’histoire montre qu’avec Dieu toutes choses sont possibles. Ils n’avaient pas d’intérêt pour la spiritualité. Leur relation était difficile et souvent tendue, et ils se préoccupaient surtout d’être acceptés et reconnus sur les plans personnel et professionnel. |
En général, ils avaient beaucoup investi dans les valeurs de ce monde. Leurs vies ne s’accordaient guère avec ce que le Cours préconise. Helen, celle à qui le Cours fut dicté, se décrit elle-même:
Psychologue, éducatrice, conformiste en théorie et athée en croyance, je travaillais dans un milieu universitaire fort prestigieux. Et puis quelque chose arriva qui déclencha une série d’événements que je n’aurais jamais pu prévoir. Le chef de mon département m’annonça à l’improviste qu’il était fatigué des sentiments de colère et d’agressivité que nos attitudes reflétaient, et il conclut qu’il devait y avoir “une autre voie”. Comme si j’avais attendu ce signal, je consentis à l’aider à la trouver. Apparemment, le Cours est cette autre voie.
Bien que leur intention fût sérieuse, ils eurent beaucoup de difficulté à se lancer dans cette entreprise commune. Mais ils avaient offert au Saint-Esprit le “petit désir” qui, comme le Cours allait le souligner maintes et maintes fois, suffit pour Lui permettre d’utiliser toute situation à Ses propres fins en la dotant de Sa puissance.
(...) [Le Cours] n’a pas été conçu pour servir de fondement à une nouvelle secte. Son seul but est de fournir une voie dans laquelle certaines personnes pourront trouver leur propre Enseignant intérieur.
Ce qu'il est
Comme le suggère son titre, le Cours est structuré tout au long comme un outil d’enseignement. Il consiste en trois livres: un Texte de 718 pages, un Livre d’exercices pour étudiants de 506 pages et un Manuel pour enseignants de 94 pages. Les étudiants peuvent choisir l’ordre dans lequel ils se servent des livres, et la façon dont ils les étudient, en fonction de leurs préférences et de leurs besoins particuliers.
Le programme d’études, ou curriculum, que propose le Cours a été soigneusement conçu et il est expliqué étape par étape tant au niveau théorique que pratique. Il met l’accent sur l’application plutôt que sur la théorie, et sur l’expérience plutôt que sur la théologie. Il est dit explicitement qu’“une théologie universelle est impossible, mais une expérience universelle est non seulement possible mais nécessaire” (C-2:3). Bien que la langue soit chrétienne, le Cours traite de thèmes spirituels universels. Il souligne qu’il n’est qu’une version du curriculum universel. Il y en a beaucoup d’autres, et celle-ci n’en diffère que par la forme. À la fin toutes mènent à Dieu.
(...)
Le Cours ne prétend pas être définitif, pas plus que le Livre d’exercices n’est destiné à compléter l’apprentissage de l’étudiant. À la fin, le lecteur est laissé entre les mains de son propre Enseignant intérieur, Qui dirigera tout enseignement ultérieur comme Il le jugera bon. Quoique le Cours couvre une vaste sphère, la vérité ne peut pas être limitée à une forme finie, ainsi qu’il est dit clairement dans l’énoncé à la fin du Livre d’exercices:
Ce cours est un commencement et non une fin (...) Il ne t’est plus assigné de leçons précises, car il n’en est plus besoin. Désormais, n’écoute que la Voix pour Dieu (...) Il dirigera tes efforts en te disant exactement quoi faire, comment diriger ton esprit et quand venir à Lui en silence, demander Sa sûre direction et Sa Parole certaine (L-II.ép.1:1, 3:1-3).
Ce qu'il dit
Rien de réel ne peut être menacé.
Rien d’irréel n’existe.
En cela réside la paix de Dieu.
Ainsi commence Un cours en miracles. Il fait une distinction fondamentale entre le réel et l’irréel; entre la connaissance et la perception. La connaissance est vérité, sous une seule loi, la loi de l’amour ou de Dieu. La vérité est inaltérable, éternelle et non ambiguë. Elle peut ne pas être reconnue mais elle ne peut pas être changée. Elle s’applique à tout ce que Dieu a créé, et seul ce qu’Il a créé est réel. Elle est au-delà de l’apprentissage parce qu’elle est au-delà du temps et des processus. Elle n’a pas d’opposé; pas de commencement ni de fin. Elle est, tout simplement.
Le monde de la perception, par contre, est le monde du temps, du changement, des commencements et des fins. Il est basé sur l’interprétation et non sur des faits. C’est le monde de la naissance et de la mort, fondé sur la croyance dans le manque, la perte, la séparation et la mort. Il s’apprend plutôt qu’il n’est donné; il est sélectif dans ses perceptions, instable dans son fonctionnement et inexact dans ses interprétations.
De la connaissance et de la perception respectivement surgissent deux systèmes de pensée distincts qui sont à tous égards l’opposé l’un de l’autre. Dans le champ de la connaissance, aucune idée n’existe à part de Dieu, car Dieu et Sa Création partagent une même Volonté. Toutefois, le monde de la perception est fait par la croyance en des opposés et en des volontés séparées qui sont en conflit perpétuel les unes avec les autres ainsi qu’avec Dieu. Ce que la perception voit et entend paraît être réel parce qu’elle ne laisse monter à la conscience que ce qui est conforme aux souhaits de celui qui perçoit. Cela mène à un monde d’illusions, un monde qui a constamment besoin de défenses précisément parce qu’il n’est pas réel.
Quand tu es pris dans le monde de la perception, tu es pris dans un rêve. Tu ne peux pas t’échapper sans aide parce que tout ce que tes sens te montrent ne fait que témoigner de la réalité du rêve. Dieu a fourni la Réponse, la seule Issue, la véritable Aide. C’est la fonction de Sa Voix, Son Saint-Esprit, d’agir comme Médiateur entre les deux mondes. Il peut le faire parce que, alors que d’une part Il connaît la vérité, d’autre part Il sait aussi reconnaître nos illusions, mais sans y croire. Le but du Saint-Esprit est de nous aider à échapper du monde du rêve en nous enseignant comment renverser notre façon de penser et désapprendre nos erreurs. Le pardon est le grand outil d’apprentissage au moyen duquel le Saint-Esprit nous aide à opérer ce renversement. Toutefois, le Cours a sa propre définition de ce qu’est réellement le pardon, tout comme il a sa propre façon de définir le monde.
Le monde que nous voyons ne fait que refléter notre propre cadre de référence intérieur — les idées dominantes, les souhaits et les émotions dans nos esprits. “La projection fait la perception” (T-13.V.3:5, T-21.in.1:1). Nous regardons d’abord au-dedans, et nous décidons quel genre de monde nous voulons voir, puis nous projetons ce monde à l’extérieur, faisant de lui la vérité telle que nous la voyons. Ce qui le rend vrai, ce sont les interprétations que nous donnons de ce que nous voyons. Si nous utilisons la perception pour justifier nos propres erreurs — notre colère, nos impulsions à attaquer, notre manque d’amour sous n’importe quelle forme —, nous verrons un monde de mal, de destruction, de malice, d’envie et de désespoir. Nous devons apprendre à pardonner tout cela, non pas parce que nous sommes “bons” et “charitables” mais parce que ce que nous voyons n’est pas vrai. Nous avons distordu le monde par nos défenses tordues, et nous voyons donc ce qui n’est pas là. Comme nous apprenons à reconnaître nos erreurs de perception, nous apprenons aussi à regarder plus loin ou à “pardonner”. En même temps nous nous pardonnons à nous-mêmes en regardant passé nos concepts de soi distordus vers le Soi que Dieu a créé nous et en nous.
Le péché
Le péché est défini comme un “manque d’amour” (T-1.IV.3:1). Puisque l’amour est la seule chose qui soit, aux yeux du Saint-Esprit le péché est une erreur à corriger plutôt qu’un mal à punir. Notre sentiment d’insuffisance, de faiblesse et d’incomplétude vient de notre énorme investissement dans le “principe de manque” qui gouverne le monde entier des illusions. De ce point de vue, nous recherchons en autrui ce que nous ressentons comme un manque en nous-mêmes. Nous “aimons” autrui pour obtenir nous-mêmes quelque chose. C’est cela, en fait, qui passe pour de l’amour dans le monde du rêve. Il n’y a pas de plus grande erreur, car l’amour est incapable de demander quoi que ce soit.
Seuls les esprits peuvent réellement se joindre, et l’homme ne saurait séparer ce que Dieu a joint (T-17.III.7:3). Toutefois, c’est uniquement au niveau de l’Esprit du Christ que l’union véritable est possible, et n’a, de fait, jamais été perdue. Le “petit moi” cherche à se grandir par l’approbation extérieure, les possessions extérieures et l’“amour” extérieur. Le Soi que Dieu a créé n’a besoin de rien. Il est à jamais complet, en sécurité, aimé et aimant. Il cherche à partager plutôt qu’à obtenir; à étendre plutôt qu’à projeter. Il n’a pas de besoins et il veut se joindre aux autres dans la conscience mutuelle de leur abondance.
Les relations particulières du monde sont destructrices, égoïstes et puérilement égocentriques. Pourtant, confiées au Saint-Esprit, ces relations peuvent devenir ce qu’il y a de plus saint sur terre — les miracles qui indiquent la voie du retour au Ciel. Le monde utilise ses relations particulières comme une arme ultime d’exclusion et une démonstration de séparation. Le Saint-Esprit les transforme en de parfaites leçons de pardon et d’éveil du rêve. Chacune est une occasion de laisser les perceptions être guéries et les erreurs être corrigées. Chacune constitue une autre chance de se pardonner à soi-même en pardonnant à l’autre. Et chacune devient encore une autre invitation au Saint-Esprit et au souvenir de Dieu.
La perception est une fonction du corps et elle représente donc une limite à la conscience. La perception voit par les yeux du corps et entend par les oreilles du corps. Elle évoque les réponses limitées que donne le corps. Dans une large mesure, le corps semble avoir sa propre motivation et être indépendant, or il ne fait que répondre aux intentions de l’esprit. Si l’esprit veut l’utiliser pour l’attaque sous quelque forme que ce soit, il devient la proie de la maladie, de l’âge et du dépérissement. Si l’esprit accepte plutôt le but que le Saint-Esprit a pour lui, il devient un moyen utile de communication avec les autres, invulnérable aussi longtemps qu’il en est besoin, et qui sera doucement mis de côté quand son utilité aura cessé. De lui-même il est neutre, comme le sont toutes choses dans le monde de la perception. Qu’il soit utilisé pour les buts de l’ego ou du Saint-Esprit, cela dépend entièrement de ce que veut l’esprit.
L’opposé de voir par les yeux du corps, c’est la vision du Christ qui reflète la force plutôt que la faiblesse, l’unité plutôt que la séparation et l’amour plutôt que la peur. L’opposé d’entendre par les oreilles du corps, c’est la communication par la Voix pour Dieu, le Saint-Esprit, qui demeure en chacun de nous. Sa Voix semble distante et difficile à entendre parce que l’ego, qui parle pour le petit soi séparé, semble parler beaucoup plus fort. En fait c’est l’inverse. Le Saint-Esprit parle avec une indubitable clarté et un attrait irrésistible. Nul ne pourrait être sourd à Ses messages de délivrance et d’espoir qui ne choisit pas de s’identifier au corps, pas plus qu’il ne pourrait manquer d’accepter joyeusement la vision du Christ en heureux échange de la misérable image qu’il a de lui-même.
Vision et pardon
La vision du Christ est le don du Saint-Esprit, l’alternative de Dieu à l’illusion de séparation et à la croyance en la réalité du péché, de la culpabilité et de la mort. C’est la seule correction pour toutes les erreurs de perception, la réconciliation de tous les opposés apparents sur lesquels ce monde est fondé. Sa douce lumière montre toutes choses d’un autre point de vue, qui reflète le système de pensée surgi de la connaissance et rend le retour à Dieu non seulement possible mais inévitable. Ce qui était considéré comme une injustice faite à quelqu’un par quelqu’un d’autre devient maintenant un appel à l’aide et à l’union. Le péché, la maladie et l’attaque sont vus comme des malperceptions qui appellent un remède par la douceur et l’amour. Les défenses sont déposées parce qu’il n’en est pas besoin là où il n’y a pas d’attaque. Les besoins de nos frères deviennent les nôtres parce qu’ils font le voyage avec nous en allant vers Dieu. Sans nous ils perdraient leur chemin. Sans eux nous ne pourrions jamais trouver le nôtre.
Le pardon est inconnu au Ciel, où un tel besoin serait inconcevable. Dans ce monde, toutefois, le pardon est une correction nécessaire pour toutes les erreurs que nous avons faites. Offrir le pardon est la seule façon pour nous de l’avoir, car cela reflète la loi du Ciel voulant que donner et recevoir sont la même chose. Le Ciel est l’état naturel de tous les Fils de Dieu tels qu’Il les a créés. Telle est leur réalité à jamais. Elle n’a pas changé parce qu’elle a été oubliée.
Le pardon est le moyen par lequel nous nous souviendrons. Par le pardon, la façon de penser du monde est renversée. Le monde pardonné devient la porte du Ciel, parce que sa miséricorde nous permet enfin de nous pardonner. Ne tenant personne prisonnier de la culpabilité, nous devenons libres. Reconnaissant le Christ en tous nos frères, nous reconnaissons Sa Présence en nous-mêmes. Oubliant toutes nos malperceptions, et sans rien du passé qui puisse nous retenir, nous pouvons nous souvenir de Dieu. Au-delà de cela, l’apprentissage ne peut aller. Quand nous sommes prêts, Dieu Lui-même fait le dernier pas de notre retour vers Lui.