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Question 272 — Explication fondamentale du pardon

Q : Un cours en miracles est nouveau pour moi, et je suis sûr que vous avez très souvent répondu à cette question: quand le Cours mentionne le pardon, il dit (je paraphrase) que ce qui s’est produit, comme on le croit, ne s’est pas produit. Personne n’a jamais blessé personne ou fait quelque chose de terrible. Je suis époustouflé. Les faits d’une situation passée, sont-ils juste des illusions? S’il existe une brochure ou un exposé sur ce sujet, je serais reconnaissant d’en recevoir la référence.

 

R : On ne peut comprendre le pardon tel qu’il est présenté dans Un cours en miracles que dans le cadre de la métaphysique du non-dualisme. Sinon il n’a pas de sens et sa signification sera faussée et rendue indiscernable des significations plus traditionnelles. Il ne peut être détaché de ce que le Cours enseigne à être l’origine et le but du monde et de notre présence apparente dans le monde en tant que corps individuels avec un passé, un présent et un futur. Ce que le Cours comprend par pardon est unique et s’ensuit logiquement de cette base, mais il est difficile de le mettre en pratique parce que notre vie et nos expériences sont fondées sur des prémisses qui sont l’opposé de ce qu’enseigne le Cours.

Afin de

“[...] pardonner au Fils de Dieu ce qu’il n’a pas fait” (T-17.III.1:5)

nous devons accepter – du moins intellectuellement – que toute colère et tout sentiment de victimisation sont des projections de notre propre culpabilité inconsciente, qui elle-même découle d’une croyance que nous avons péché en attaquant Dieu afin d’avoir une vie individuelle. Tout cela est bien sûr illusoire, mais parce que nous croyons être des individus, ces prémisses se trouvent toujours dans notre esprit. Comme nous avons rendu ces péchés réels et ne voulons pas abandonner notre identité individuelle pour retourner dans l’unité de Dieu, nous nions le péché et en projetons la responsabilité sur quelque chose qui est à l’extérieur de nous. Par conséquent, la culpabilité que nous avons projetée se trouve maintenant dans les autres qui sont perçus comme méchants, odieux, violents, insensibles, égoïstes et ainsi de suite, et nous sommes les victimes innocentes. Le “nous” est toujours l’esprit décideur en dehors du temps et de l’espace qui a été oublié et remplacé dans notre conscience par un soi qui semble exister dans le temps et l’espace.

Voilà un tout petit aperçu de l’origine de notre perception et du sentiment que nous ou d’autres avons été injustement traités, victimisés et ainsi de suite. Il est évident que cette dynamique est bien plus complexe, mais au moins cela vous donne une petite idée sur la façon dont la théorie du Cours sur le pardon a évolué. Toutefois, on peut déjà en déduire que la seule raison pour laquelle nous voulons nous sentir injustement traités est pour pouvoir dire que quelqu’un d’autre est coupable. Cela ne signifie pas que nous devrions nier les “faits” des événements extérieurs. Le Cours explique exclusivement comment nous les ressentons. Voilà la clé. Se percevoir injustement traité est une interprétation qui vient du besoin inconscient de percevoir la situation de cette façon-là. [La réponse à la question 262 examine ce point dans le contexte de la façon dont Jésus voit la crucifixion.] Cette dynamique n’est pas consciente; or, ne pas en avoir conscience fait partie intégrante de la stratégie de projection de l’ego.

Le premier pas dans le processus de pardon est donc d’inverser la projection et ses effets. Cela signifie reconnaître que ce que nous avons attaqué et jugé en autrui est ce que nous avions d’abord condamné en nous-mêmes. C’est reconnaître que notre colère projetée est une décision que nous avons prise pour échapper à notre propre culpabilité en la voyant chez quelqu’un d’autre. Cela, pour le répéter, ne veut pas dire nier ce que quelqu’un a fait ni qu’on ne devrait rien faire à cet égard.

Le deuxième pas entraîne la compréhension que la culpabilité représente également une décision qui remonte maintenant dans notre conscience pour être réexaminée. Au lieu de choisir de nous identifier au système de pensée de culpabilité de l’ego, nous choisissons de nous identifier au système de pensée de non-culpabilité du Saint-Esprit. Cela prépare la voie pour

le troisième pas qui est la tâche du Saint-Esprit. Ainsi, les deux premiers pas du pardon représentent notre décision de laisser le Saint-Esprit faire Son travail de guérison en nous. Mais le Saint-Esprit ne peut ôter notre culpabilité que lorsque nous en avons retiré notre investissement. Lorsque notre culpabilité a disparu – ne serait-ce qu’un instant – nous nous identifions uniquement à l’amour et à la bonté et ne nous sentons pas visés personnellement. Il n’y a plus que cet amour et cette bonté qui coulent alors à travers nous quand nous réagissons à la situation, et par conséquent notre réaction est automatiquement ce qui est le plus aimant pour tous ceux qui sont concernés. Du point de vue du comportement, elle peut sembler être la même que celle de tous les autres, mais le contenu est l’amour. C’est la seule chose qui compte en ce qui concerne notre progrès spirituel.

Ces trois pas sont décrits à deux endroits dans le Cours: T-5.VII.6:7, 9-11, et L-I.23.5:1-4.

Vous trouverez de brefs comptes rendus et explications de la façon dont le Cours aborde le pardon dans deux de nos publications: Forgiveness and Jesus: The Meeting Place of “A Course in Miracles” and Christianity, chapter 2 [anglais, Facim ; A Talk Given on “A Course in Miracles: An Introduction, chapter 4: Anger-Forgiveness” [Introduction à Un cours en miracles, chapitre 4 : “Colère – pardon”, Éditions Octave, Montréal]. Et finalement, si vous avez pu lire l’une ou l’autre des autres questions et réponses, vous êtes probablement déjà tombé sur plusieurs applications de ces principes.

 

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